Sarah, responsable commerciale et marketing au sein de LINKUSION répond à nos questions pour notre formation Changer le regard des managers sur le handicap.
Eve :
Peux-tu présenter LINKLUSION ?
Sarah :
LINKLUSION regroupe 30 collaborateurs présents dans quinze départements et dans les grandes villes françaises : Paris, Lyon, Lille, Marseille, Toulouse, Montpellier et toute l'Ile de France.
Didier Roche a fondé LINKULSION dont la mission est de veiller au bon rayonnement de l’inclusion des TIH (Travailleurs Indépendants Handicapés). Il avait précédemment fondé les restaurants et spas dans le noir.
Lui-même entrepreneur en situation de handicap, il s'est rendu compte que rien n’existait pour accompagner les entrepreneurs en situation de handicap.
Il a œuvré pour que Les TIH soient reconnus dans la loi, afin qu'ils puissent faire bénéficier à leurs clients de la même incitation financière que les EA (Entreprises Adaptées) et les ESAT (Établissements ou Services d’Aide par le Travail). Cela signifie que 30 % des coûts de main d'œuvre de chaque facture des TIH sont déductibles de la contribution handicap payée par les entreprises. Il s’agit d’une véritable incitation financière pour les encourager à avoir recours aux TIH.
Dans la foulée de cette reconnaissance, il a fondé LINKLUSION.
Chez LINKLUSION, nous nous intéressons aux travailleurs indépendants en situation de handicap, que l'on pourrait également appeler freelance ou entrepreneurs en situation de handicap. Et notre expertise, c'est d'accompagner, former et mettre en relation des TIH avec des entreprises pour la réalisation de missions, mais également de les mettre en relation avec leur écosystème.
Et pour cela, nous avons 4 activités principales :
La première, notre activité historique, est la plateforme de mise en relation, linklusion.fr. Il s’agit d’une plateforme web de mise en relation avec d'un côté 700 TIH référencés, et de l'autre, des entreprises qui s'abonnent à la plateforme afin d’avoir accès à nos services de conseil et mise en relation pour la réalisation de missions.
Sur cette plateforme sont représentés, tous les métiers de la communication, du marketing, des métiers de l'image (graphistes, vidéastes, développeurs web…), les fonctions support, traducteur, commercial, agent administratif… Tout naturellement,15 % travaillent sur les métiers de la RSE, du handicap et de et de l'inclusion avec notamment des référents handicap, des coordinateurs d’actions de sensibilisation… Et il y a aussi des traiteurs, des VTC, une grande communauté de coachs, tout ce qui est en lien avec le bien-être en entreprise (masseurs, sophrologues…) et enfin des freelances avec un niveau d'expertise niveau BAC+5 à BAC+8 (architectes, avocats, conférenciers…).
La deuxième activité, TIH Booster, est un programme d'accompagnement social, administratif et commercial pour les TIH qui ne vivraient pas encore pleinement de leur activité. Plus d’une centaine de TIH sont accompagnés via ce programme personnalisé et entièrement gratuit qui dure 2 ans.
La troisième activité, c’est TIH Learning. Ce sont des modules de formation gratuits et en ligne qui sont à la croisée de l'entrepreneuriat et du handicap. Ces modules ont été cofinancés notamment par l'Agefiph.
Les sujets traités sont du type « Comment parler de son handicap lors d'une réunion commerciale ? » ou « Quel statut juridique choisir pour mon entreprise ? ».
Et enfin on a une dernière activité qui est encore un prototype. On a monté dans nos locaux au sein de la Tour Montparnasse un espace de coworking inclusif pour que les TIH puissent venir y travailler.
Eve :
Quels sont selon toi les principaux freins qui empêchent certains managers ou collaborateurs de travailler avec des personnes en situation de handicap ?
Sarah :
On pense souvent que travailler avec une personne en situation de handicap va être long, compliqué, qu'il va falloir dédier plus de temps à cette personne pour la réalisation de la mission et que le rendu va peut-être mettre plus de temps à être livré.
Chez LINKLUSION, on ne donne pas 1000 conseils aux entreprises que l’on accompagne, on leur dit juste que lors d’un entretien avec un TIH, il n’y a qu’une seule question à lui poser, c'est « avez-vous des besoins spécifiques pour la réalisation de la mission ? »
Et là, le travailleur indépendant va juste pouvoir s'exprimer.
Dans la majorité des cas, un TIH n’aura pas besoin d’adaptation spécifique, d’abord parce que la mission peut s'effectuer à distance, et puis l'entrepreneur peut également avoir déjà mis en place toutes les actions de compensation du handicap, il peut également avoir choisi son métier en fonction de sa situation de handicap ou l’avoir adaptée.
Cela passe vraiment par des petites actions à mettre en place qui ne sont pas si compliquées et qui tiennent en une seule et même question.
De par LINKLUSION et des personnes que l’on accompagne, donc des chefs d'entreprise et des freelances en situation de handicap, le simple fait de les présenter et de parler de ce statut, déconstruit pas mal de clichés. On parle de métiers de prestations intellectuelles tels que développeurs web, graphistes, photographes, experts comptables, avocats, conférenciers...
D'ailleurs, j'adore vraiment travailler chez LINKULSION parce que j'ai vraiment l'impression d'être dans une dynamique innovante dans le secteur du handicap, de promouvoir quelque chose qui est nouveau dans l'entrepreneuriat de personnes en situation de handicap. Et je trouve ça vraiment différenciant. Il existe des acteurs institutionnels qui sont déjà bien implantés, qui agissent sur l'emploi direct, mais sur la partie prestations intellectuelles des travailleurs indépendants, on est les seuls. Et puis avec notre plateforme de freelancing, on suit l’air du temps et je trouve ça très bien.
Eve :
Que dirais-tu pour convaincre un manager réticent à embaucher une personne en situation de handicap ?
Sarah :
Je partirais quand même de ce chiffre de me dire que 80 % des handicaps ne sont pas visibles.
Et peut-être que déjà au sein de ses équipes, il peut avoir une personne qui est en situation de handicap non déclarée. Voilà le premier élément que je lui citerais.
Le deuxième, c'est qu’en situation de handicap, ça ne rime pas avec incompétence. Quand on met en place les bonnes adaptations de postes de travail et les outils nécessaires, il n'y a pas de raison que le travail soit moins bien réalisé que par une autre personne.
Eve :
As-tu un message à faire passer ?
Sarah :
Pensez aux compétences en travaillant avec des entrepreneurs en situation de handicap.
Ouvrez-vous et n'ayez pas peur de penser aux personnes en situation de handicap pour toutes les missions de vos entreprises.
On peut avoir recours à des TIH dans tous les services des entreprises. Tentez l’expérience car c'est souvent une première belle histoire, qui entraîne d'autres belles histoires au sein des entreprises. Si on a envie d'être une entreprise qui attire de jeunes talents, être dans une vraie démarche de RSE et inclusive, c'est important.
Amener le freelancing de personnes en situation de handicap, c'est déjà un premier pas pour mettre en place une politique handicap. Ça peut commencer par là.
Notre programme de formation pour changer le regard des managers sur le handicap.